J'ai appris qu'il y avait toutes sortes de façons de faire Compostelle. À pied, bien sûr, à vélo, à cheval, mais aussi avec un âne, ou même deux. On m'a raconté que tout récemment, un type faisait le chemin avec ses deux ânes. Il marchait et ne se servait de ses ânes que pour le transport de ses bagages. Dans une forêt, il a atteint un ruisseau que les ânes ont refusé obstinément de traverser. Rien à faire, ils n'ont jamais voulu traverser ce ruisseau. Une pèlerine est passée par là, et grâce à son GPS et à ses cartes, elle a pu lui trouver un autre point de traverse, mais il lui a fallu faire un détour de 3 km. Comme quoi faire transporter ses bagages par les autres n'est pas toujours une solution avantageuse.
Mais la meilleure que j'ai entendue à date, c'est celle de ce pèlerin de 73 ans, qui a fait le chemin plusieurs fois, et qui revient en faire des petits bouts, pendant 10 ou 15 jours, à chaque année, parce qu'il aime ça et que ça lui fait du bien mentalement et physiquement. Je l'ai rencontré au lunch samedi midi, près d'Auvillar. Il m'a raconté qu'un jour, il y a sept ou huit ans, il est arrivé à St-Antoine, à environ 9 km plus loin qu'Auvillar, et que la dame à son gite lui a dit qu'elle attendait un visiteur suisse avec un chameau! Il m'a juré que c'était sérieux, un vrai chameau, "pas un chameau du Sahara avec une seule bosse, comme il dit, mais un vrai chameau d'Asie, avec deux bosses!" Et le type est vraiment arrivé avec son chameau!
- Le gars faisait Compostelle avec un chameau? Lui ai-je demandé.
- Pas du tout, il faisait le tour du monde!
Note: quand je suis passé à St-Antoine le lendemain matin, j'ai pu personnellement vérifier la véracité de cette histoire. Tous les vieux du village s'en souviennent très bien.
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