Dans l'année qui a précédé le début de ce voyage, je me suis efforcé de me conditionner pour avoir devant moi ce que j'ai appelé ma page blanche. Je me voyais prendre plusieurs décisions importantes pendant que je ferais ce Chemin de Compostelle. Je me disais qu'au fond je n'aurais que cela à faire: marcher, penser et prendre des décisions.
La seule décision majeure que j'ai prise avant de partir est celle reliée à mon emploi actuel. Je savais pertinemment qu'au retour d'une expérience pareille, je ne voudrais plus continuer au même rythme et travailler dans mon poste actuel autant de jours par semaine. J'ai ainsi convenu avec mon employeur qu'à compter de janvier prochain, je livrerais une prestation de travail équivalente à deux jours par semaine, dans le même rôle que je joue présentement.
Pour les autres cinq jours restants, la page est blanche.
Mais j'ai très bien compris au cours des dernières semaines que ce ne serait pas ici, sur le Chemin de Saint Jacques, que je prendrais quelque décision que ce soit. Vraiment pas. Les seules décisions que je prends dans une journée sont celles du moment de mes pauses, du trajet du lendemain et du choix du site d'hébergement. C'est tout. Le Chemin de Saint Jacques est une expérience qui se vit, pas par pas, étape par étape, pensée par pensée, rencontre par rencontre. Ça ne se révèle pas être un endroit pour prendre des décisions, en tout cas pas pour moi.
Mais je pense beaucoup. Surtout en marchant. C'est devenu automatique, après une heure ou deux de marche et si les pieds vont bien, toutes sortes de pensées font surface. Des pensées drôles, ou tristes, souvent abracadabrantes, très souvent inhabituelles. C'est pour ça que je préfère marcher seul, pour me permettre d'entrer dans mes pensées, que je laisse m'amener là où elles veulent bien, sans les juger ou les "flusher" trop rapidement. Certaines s'arrêtent là, au bout de quelques minutes ou de quelques heures. D'autres se mettent à occuper plus de place et deviennent un peu comme des graines en terre. Quelques unes de ces graines pourront éventuellement devenir des idées de projets, et certainement que quelques unes se concrétiseront. Mais la décision ne viendra que plus tard, après mon retour à ma vie "normale", si je peux dire.
C'est comme si les labours avaient eu lieu au moment de la planification du voyage, que les semences ont lieu en ce moment, et que la récolte viendra plus tard.
Ce dont je me suis rendu compte également, c'est que si je ne dépose pas ces pensées par écrit, elles reviennent constamment, chaque jour, comme pour venir jouer en boucle dans ma tête, sans fin. Dès que je les écris, je peux passer à autre chose, ou, si la même pensée revient, c'est pour me permettre d'aller plus loin dans la réflexion. Évidemment, je ne dépose pas tout ici, sur ce blog. J'écris, et ensuite je décide de ce qui aboutit ici, et de ce qui reste dans autre fichier, plus intime disons. Vous m'excuserez de me garder une petite gêne, non?
Le 16 septembre 2010.
Pourquoi entreprendre le Chemin de Compostelle? Pour la qualité du défi, pour l'occasion de réflexion personnelle, pour la beauté des lieux, pour l'histoire du Chemin, et pour contribuer à combattre le cancer. J'alimenterai ce blog une ou deux fois par semaine par mes réflexions, anectodes, compte-rendu de rencontres extraordinaires (car le Chemin en est rempli), photos, etc. J'espère pouvoir y lire vos commentaires et vos encouragements, ils seront grandement appéciés.
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1 commentaire:
Denis, bonsoir
Je suis Edith, nous nous sommes rencontrés lors des 2 premières semaines de marche sur le chemin de compostelle et je lis régulièrement ce que tu écris sur ton blog, ce qui m'émeut beaucoup.Continue cette écriture
bon chemin
Edith ( il existe sur ce blog une photo avec Michel, mon mari)
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